divendres, 28 de novembre del 2008

Interview Babelmed Festival

Interview / http://www.babelmedfestival.net/


Monia Touiss est née à Tétouan en 1971. Diplômée de l’Ecole Nationale des Beaux Arts de sa ville natale, elle poursuit sa formation artistique en Espagne où elle réside depuis 1993. C’est d’abord à Grenade puis à Barcelone qu’elle a développé sa technique et sa touche personnelle. Ses peintures évoquent de façon poétique des paysages méditerranéens peuplés de portes, de ruelles, d’arcs, de mosaïques et d’escaliers. Les détails architecturaux et les couleurs qu’elle utilise sont un véritable appel à notre imaginaire vagabond.
Rencontre dans son atelier, un mois après l’inauguration de son exposition à la galerie Elizabeth Budia, autour de succulentes pâtisseries marocaines et d’un café aux notes de fleur d’oranger.

D’où te vient cet attrait pour la peinture ?
Quand j’étais petite ma mère m’offrait des aquarelles. J’avais un oncle aussi qui était dessinateur, et à la maison on avait toujours quelques-unes de ses œuvres. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à peindre. J’étais fascinée par ses tableaux !

Ton œuvre évoque des paysages méditerranéens, des arcs, des portes, des escaliers …
Pour moi, ce ne sont pas des portes, ce sont plutôt des ruelles. Cela doit me venir de ma jeunesse. Je vivais à Tanger, où il y a une médina. Même si j’habitais dans la partie plus moderne, j’adorais me promener dans la vieille ville, sentir l’odeur du pain. C’était comme un monde à part. Il y avait une autre vie, plus traditionnelle, avec plus de couleurs, les gens se rencontraient, ils étaient proches. Là-bas, les maisons sont basses, les ruelles étroites, les gens s’appellent du bas de la rue, par la fenêtre. En plus, à l’école des Beaux Arts, on avait une matière qui s’appelait justement « Paysages », c’était le vendredi et on allait dessiner avec la classe dans la vieille ville ou dans le jardin de l’école. J’adorais ça et avec quelques amis on s’organisait pour y retourner le samedi, entre nous. Dans ma formation, il y avait toute une partie théorique et technique, qui valorisait la perspective, la composition, l’harmonie des couleurs, l’équilibre. Et ensuite par la pratique, il y a une recherche personnelle, j’ai fais des choix et j’ai gardé ce que j’aimais le plus, ce qui m’intéressait. Par exemple, je n’ai jamais voulu faire beaucoup de figuratif, ce qui me plaisait c’était ces évocations, cette transparence des couleurs.

Justement, quel procédé pictural utilises-tu ? Quand tu commences à peindre, as-tu déjà une idée précise ou l’œuvre se révèle-t-elle à toi petit à petit ?
Souvent, j’ai déjà un vague projet dans la tête, et je commence à sentir des choses. Je me sens bien devant une toile blanche, c’est une ligne d’expression que j’ai choisi dans ma vie. Ensuite c’est comme une manière de communiquer, c’est une sorte de conversation, avec un donner et un recevoir. Pour moi, c’est dans la peinture que l’on peut vraiment tout exprimer, parce c’est une expression totale, propre et sincère.
Si je peins intentionnellement pour une exposition, je vais d’abord voir l’espace et à partir de là, je réfléchis. Au début, j’ai toujours une idée précise, mais je peux aussi avoir des surprises ! Il y a une partie liée au hasard et surtout à l’impulsion. Parfois le choix d’une couleur peut t’emmener sur d’autres chemins. Donc, tout en restant cohérent avec ton projet, il se passe toujours quelque chose d’inattendu. En plus comme je travaille beaucoup par transparence, c’est long comme procédé, il faut attendre que chaque tache de peinture sèche, et puis recommencer à peindre pour terminer la composition….cela demande beaucoup de patience et c’est pour ça que j’ai tous ces tableaux commencés ici !!

Tu es ici depuis seize ans, quelle influence a eu l’expérience du voyage, de la migration sur ton oeuvre?
Les espaces ne sont pas très importants. Ils t’inspirent un peu, bien sûr. L’espace et l’ambiance collaborent. Ta façon de voir peut changer, à travers un parcours personnel, mais la partie sentimentale et mystique est déjà présente. C’est ton humanité. Donc, plus qu’à travers l’expérience de la migration, mon travail a changé grâce à l’apprentissage, et c’était mon objectif. Je suis venue ici pour me former, pour expérimenter la matière, les couleurs, l’huile, l’acrylique. Le savoir-faire et la technique sont là pour servir le reste et te donner les moyens de faire le lien avec tes propres expériences, tes sentiments. C’est inévitable que ça ressorte dans ton coup de pinceau, à travers une forme ou une couleur.

Dans une conférence sur les « femmes artistes du monde musulman », tu dis : la revendication d’origine ou de genre ne doit pas consister à assumer un compromis politique dans l’œuvre. Pour toi, l’art sert à s’exprimer, comme une expression humaine totale et non pas à transmettre de message politique ?
Exactement. La peinture, ce n’est pas une nouvelle, c’est une poésie muette. Je ne mets d’ailleurs jamais de titre à mes œuvres, parce que ton interprétation peut varier d’un jour à l’autre. Je ne veux rien imposer au public. Chacun doit pouvoir se laisser porter par ce que le tableau lui évoque. Tout le monde n’y voit pas la même chose, d’ailleurs, on ne regarde pas tous la même chose. En définitive, une oeuvre visuelle te touche ou pas, au-delà de l’opinion des critiques d’arts ou du marché. C’est spirituel, une communication entre un individu et ce qui est représenté sur un support. L’art est une ligne de vie. C’est ta manière de faire, ta façon de bouger dans l’espace, de traiter les objets, de percevoir la vie, les sons, les couleurs.

Tu as participé en 2006 à l’exposition « Hijas de la diaspora » organisée par Estella Rodriguez dans le cadre de sa thèse. Aujourd’hui, cette expression te dérange ?
Non, je participe à ces manifestations artistiques d’abord parce que je suis artiste. Et ensuite parce que je suis une femme ou parce que je viens d’ailleurs. Je ne le nie pas, c’est une réalité mais c’est une coïncidence ! Mais en même temps, je ne veux pas que ce soit comme une carte postale qui laisse le travail entre parenthèses. Je souhaite être sollicitée parce que je suis artiste, et ensuite parce que je suis une femme. Le sexe, la religion, l’origine doivent être secondaire. C’est le professionnalisme qui compte, on ne peut pas tous être artiste. « Hijas de la dispora » était un très bon projet qui a eu beaucoup de succès. Pour moi, cela a été une surprise de connaître ces autres femmes artistes venues d’ailleurs et vivant ici, en Catalogne. Je n’en connaissais pas avant cette expérience. C’était intéressant, toutes ces sensibilités différentes. Entre l’œuvre d’une artiste japonaise et celle d’une artiste sénégalaise, il y a un monde. Ce que chacun exprime dans sa peinture fait appel à la mémoire, aux expériences passées, à une sensibilité historique. La couleur et la lumière que l’on retrouve chez un artiste de Dakar et chez un artiste de New York ne sont pas les mêmes. La diversité est enrichissante. Elle est comme un voyage sédentaire qui permet de comprendre et d’apprendre.
On me dit que le ton de mes toiles est méditerranéen. Et c’est sans doute vrai parce que je suis née en Méditerranée, j’y ai habité et j’y habite encore. Mais on ne peut pas dire pour autant qu’il y a un « trait marocain » commun à tous. Quand j’étais aux Beaux Arts, j’avais des amis de Marrakech, et ils utilisaient d’autres couleurs, des tonalités de rouge. Et même si on venait du même pays, nos œuvres évoquaient des paysages totalement différents.

Aujourd’hui, peux-tu vivre de ton art ?
Il faut du temps et des contacts. Aujourd’hui, même si je ne vis pas exclusivement de la vente de mes toiles, je vis de mon art, en donnant des cours de peinture et des conférences dans différentes Universités.

Tes projets futurs ?
En ce moment j’expose au Mexique à Guadalajara et je devrais participer à une exposition ici en décembre qui s’appellera « Nosotras », avec d’autres femmes artistes qui viennent d’ailleurs et qui vivent en Espagne. Je prépare aussi une conférence pour l’Université de Rabat sur « la liberté d’expression dans les lieux de restrictions de la liberté ». Et à part ça, continuer à peindre, bien sur !

Et pour en voir plus, rendez-vous sur le site de l'artiste : moniatouiss.googlepages.com/

dimecres, 11 de juliol del 2007

Monia Touiss a la galeria SAFIA de BCN

No em plantejo prèviament la intencionalitat final de l’obra. És quan pinto que la descobreixo, a partir d’un color, d’una pinzellada sorgida de l’inconscient. L’estructura del quadre surt del diàleg amb els elements plàstics. L’emoció guia la feina, amagada resta la tècnica que l’ordena i l’organitza.


Munia Touiss és nascuda a Tetuán, on va començar la seva aventura artística, diguem formació, amb pintors de reconegut prestigi al seu país i la va acabar a la Facultat de Belles Arts de Barcelona, on va obtenir la Llicenciatura en l’especialitat de Pintura. És important constatar la seva primera formació a Tetuán, ja que l’Escola de Belles Arts d’aquella ciutat al Marroc ha estat, des de la seva fundació l’any 1945, una inqüestionable garantia de sòlids coneixements tècnics.


És justament aquesta desimboltura tècnica la que permet a la Munia jugar, sense que això es percebi, amb la figuració com a component mental per organitzar l’estructura del quadre. L’espai pictòric que mostra la seva obra és d’una expressivitat emotiva que arriba a sacsejar l’espectador, mentre les textures visuals aconseguides el porten a reconèixer formes de l’imaginari que entén com a paisatges somiats. Transparències que amaguen misteris, opacitats que ens obliguen a asserenar la mirada i esperar la revelació de l’experiència.


Així, tot i l’abstracció formal de la seva proposta, es podria parlar d’una pintura de contingut narratiu que ens regala paisatges, amb portes per on poder accedir a l’àmbit de les seves vivències i per què no, també, de les seves experiències pendents. Portes. Presons o llibertat. Entrada o sortida d’un món interior que es retroba amb els anhels viscuts en el record. Escales que baixen i pugen però, sobretot, que porten a descobrir el misteri. Somnis d’infantesa o d’adolescència que explora per territoris purament pictòrics. I són el color, la pinzellada enèrgica i les textures visuals els camins de representació plàstica preferits per la Munia Touiss a l’hora de conformar el seu discurs de percepcions.


Per tot el que explica aquesta exposició i l’interès que es desprèn de la proposta, caldrà seguir molt de prop la trajectòria d’aquesta jove pintora, que ara es presenta per primera vegada a la galeria Safia de Barcelona.


Clara Miret i Nicolazzi


Maig-juny de 2005


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Traducción al castellano


No me planteo ninguna intencionalidad final cuando empiezo a pintar. Es durante el proceso de creación -un color, una pincelada que surge del inconsciente- cuando la descubro. La estructura del cuadro se construye a partir del diálogo con los elementos plásticos. La emoción guía el trabajo, detrás queda la técnica que lo ordena y organiza.


Mounia Touiss nació en Tetuán, en donde empezó su aventura artística, digamos formación, con pintores de reconocido prestigio en aquél país, y la terminó en la Facultad de Bellas Artes de Barcelona, donde obtuvo la Licenciatura en la especialidad de Pintura. Es importante constatar el hecho de que su primera formación tuviera lugar en Tetuán, toda vez que la Escuela de Bellas Artes de aquella ciudad en Marruecos ha sido, desde su fundación en 1945, una incuestionable garantía de sólidos conocimientos técnicos.


Es justamente esta desenvoltura técnica la que permite a Munia jugar, sin que ello se perciba, con la figuración como componente mental para organizar la estructura del cuadro. El espacio pictórico que muestra en su obra es de una expresividad emotiva que sacude al espectador, al tiempo que la fuerza que imprime en las texturas visuales lo lleva a reconocer formas del imaginario que entiende como paisajes soñados. Transparencias que esconden misterios, opacidades que nos obligan a serenar la mirada y esperar la revelación de la experiencia.


Así, aunque su propuesta se perciba como de abstracción formal, se podría hablar también de una pintura de contenido narrativo que nos regala paisajes, con puertas por donde acceder al ámbito de sus vivencias y por qué no, también, de sus experiencias pendientes. Puertas. Prisión o libertad. Entrada o salida de un mundo interior que se reencuentra con anhelos vividos desde el recuerdo. Escaleras que bajan y suben pero, sobretodo, que llevan a descubrir el misterio. Sueños de infancia o de adolescencia que explora por territorios puramente pictóricos. Y son el color, la pincelada enérgica y las texturas visuales los caminos de representación plástica mas queridos por Munia Touiss para conformar su discurso de percepciones.


Por todo lo que desvela esta exposición y el interés que se desprende de la propuesta, se impone seguir muy de cerca la trayectoria de esta joven pintora que ahora se presenta por primera vez en la galería Safia de Barcelona.

Clara Miret Nicolazzi

Mayo-Junio de 2005


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Les meandres d'un fleuve imaginaire

L'Institut Cervantes de Casablanca abrite actuellement une exposition collective d'artistes peintres marocains en collaboration avec les services culturels et de coopération de l'ambassade d'Espagne. Placé sous le théme "nitida vlarida"(clarté nette),ce rendez-vous artistique est marqué par les oeuvres de Meki Megara,Saad Ben Cheffaj,Mohamed Melehi,Adil Rabeh ainsi que par les travaux récents de l'artiste plasticienne Mounia Touiss,diplômée de l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Tetouan (1992) et titulaire d'une Licence en peinture à la Faculté de Beaux Arts,Université de Barcelone) en 1998.

L'oeuvre de Mounia Touiss se présente comme la trace d'une action chromatique effectuée gestuellement et spontanément. Les éléments picturaux s'entrelacent de maniére homogène dans la totalité de la surface,en ne privilégiant aucun centre d'intérêt ni aucune zone de repos . Il s'agit d'une composition lyrique qui met en évidence des parties plus transparentes avec des fuites plus fluides constituées par des passages successifs de la brosse. Les valeurs sont équitablement les clairs,moyens et foncés dans l'ensemble de la surface sans créer un pôle d'attraction culminant ,ce qui ponctue les masses sombres qui alternent avec les zones claires dans un effet de luminisme,éclairant la toile de l'intérieur.

La frontalité chromatique est accentuée par l'introduction des graphismes lyriques dans un état d'âme autour du tableau.Le refus de faire apparaître des éléments de structure dans l'élaboration des brossages gestuels se démarque de l'abstraction froide et de ses savantes compositions . En référence aux grands coloristes,M.Touiss utilise la touche comme de nombreux peintres de l'abstraction lyrique; cette touche ,irrégulière, participe à lélaboration des rythmes et structure la toile par ses directions variées .Les bords laissent parfois transparaître des couleurs sous_jacentes pour accroître les vibrations chromatiques,dans le fond,lesz touches deviennent à peine perceptibles et modulent la surface à la manière cézannienne,ce qui permet d'imaginer le prolongement du mouvement à l'extérieur de la toile. Les oeuvres de Mounia Touiss se veulent les méandres d'un fleuve imaginaire, en donnant la sensation de continuer leur "impovisation" dans un hors champ qui se prolonge "ad infinitum". Abstraction allusive ,tel est le propos de cette artiste qui,comme Bissière et Manessier ou Bazaine allie le lyrisme de la composition à la fougue d'un "paysage intérieur".

Son évolution plastique vers l'abstraction lyrique s'échelonne à partir de plusieurs styles et techniques marquants : Gravure, techniques des estampes , peinture décorative et décoration intérieure, miniatures et pochoirs... Aprés avoir marqué sa présence dans le cadre du Festival Joudour en 2001à Casablanca ,Mounia Touiss a participé au Festival International d'Asilah en 2002 ainsi qu'à la Semaine Culturelle Marocaine en Egypte. Elle expose actuellement ses oeuvres représentatives à la Galerie Le Chevalet(41,Rue Point du Jour Bourgogne ,Casablanca).


Abdellah CHEIKH